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Coupure de presse

François Couture, Ici Montréal, 12 décembre 2002

Le guitariste Fred Frith fait une rare visite à Montréal, le temps d’une rencontre, de deux concerts et du lancement de l’album All Is Bfight, But It Is not Day en compagnie de Jean Derome et de Pierre Tanguay.

Pilier de la musique actuelle internationale, rénovateur ds la guitare électrique depuis la parution du premier disque de Henry Cow en 1973, Fred Frith est un compositeur et improvisateur dont la renommée n’est dépassée que par celle de John Zorn. Au cours des 30 dernières années, il a gravé plusieurs classiques, dont Gravity (1980), Step across the Border (1990) et Stone, Brick, Glass, Wood, Wire (1999).

Frith entretient une relation privilégiée avec le Festival international de musique actuelle de Victoriaville, mais ses passages à Montréal se font rares. «Je ne me rappelle plus à quand remonte ma demière visite. Je suis assez souvent à Victo, mais Montréa… peut-être avec le quatuor de guitares à New Music America, en 1989? Non, je suis sûr qu’il y a eu quelque chose depuis, mais je l’ai oublié!> Cela dit, Frith comme Jean Derome depuis ses premiers contacts avec la scène montréclaise, au milleu des annéss 80. Interviewé d’Oakland (Californie) où il enseigne la composition au Mills Colleges, il explique la naissance de ce nouveau trio: «Jean m’a contacté parce qu’il venait avec Pierre Tanguay à Vancouver, pour me demander s’il y avait une possibilité de jouer à Mills. On en était trés content car […] justement j’étais en train de parler du Qébec dans mon séminaire sur la musique et l’identité culturelle. Ils ont fait un concert avec mon ensemble d’étudiants, c’était fabuleux. Et puis nous avons joué en trio dans un petit club à Oakland le jour suivant. Je voulais profiter de leur présence pour enregistrer quelque chose, mais cela me semblait plus intéressant d’explorer un autre genre d’expérience que l’improvisation pure.»

Cette expérience consistait à laisser à l’ingénieur assis au pupitre de mixage la possibilité de traiter ies improvisations en temps réel par des manipulations par ordinateur. Frith a utilisé le même concept pour le disque Digitol Wildlife de son trio Maybe Monday, paru l’an demier. Dans les deux cas, l’ingénieur Myles Boisen est devenu un membre du groupe à part entière: all improvisait et nous étions ses instruments», confirme le guitariste.

All Is Bright, But It Is not Day a été enregistré en février 2001. Depuis, le trio ne s’est produit qu’une seule fois, au festival de Guelph (Ontario), en septembre. Boisen ne fera pas partie du voyage, mais pour le concert du 13 à la Sala Rossa, le trio sera complété par Bernard Grenon à la prise de son et aux manipulations. Le concert du 14 prendra une tout autre allure. Dans l’ambiance intime du Va-et-Vient, Frith, Derome et Tanguay seront laissés à eux-mêmes, sons électronique, voire carrément détranchés: «Je jouerai de la guitare acoustique. Au point de vue approche, ce sera très différent.»

À l’ecoute du disque, on constate que ce trio n’a pas peur de s’amuser. Les appeaux, jouets et petits objets de Derome ainsi que les crocs-en-jambe rythmiques de Tanguoy peuvent parfois pousser l’improvisotion jusqu’au ludisme enfantin (voir leur duo Plinc! Plonc! paru l’an dernier). Y a-t-il encore une place pour la joie de vivre et l’humour dans les musiques créatives en 2002? «Ah, l’humour, soupire Fred Frith. L’artiste Richard Long à dit quelque chose que j’aime beaucoup: «Je ne crois pas que l’on puisse séparer l’enfance de l’âge adulte. Je crois que l’on demeure la même personne tout au long de notre vie. Avoir de l’humour ne veut pas dire que notre musique ne peut pas être «sérieuse» ou «profonde». Cela veut seulement dire que l’on ne se prend pas au sérieux!»

Cette musique explore des textures douces-amères…