Isaiah Ceccarelli

Toute clarté m’est obscure

    • Samedi 13 avril 2013
      20h30
    Église St John the Evangelist
    137, avenue du Président-Kennedy (angle Saint-Urbain)
    métro Place-des-Arts (sortie UQAM)
    • En salle

Une carte blanche à Isaiah Ceccarelli qui nous présente sa pièce Toute clarté m’est obscure pour un ensemble de 16 musiciens

La musique de Isaiah Ceccarelli, à la fois élégante, savante et organique, intègre harmonieusement l’improvisation à la musique écrite. Avec Toute clarté m’est obscure, dont le titre est emprunté à une ballade anonyme du XIVe siècle, le compositeur poursuit son travail amorcé avec Lieux-dits et Bréviaire d’épuisements. Il tisse ici une musique épurée et raffinée, construite selon un développement retenu des harmonies, des dynamiques et des timbres qu’il qualifie de «nuages harmoniques». Ceux-ci servent de trame de fond à toute la pièce dans laquelle le compositeur a superposé des textes chantés, des intermèdes écrits et des espaces pour l’improvisation, laissant ainsi une grande place au langage musical propre à chaque musicien.

Toute clarté m’est obscure est une complainte méditative où l’instrumentation acoustique, électrique, analogique et l’art vocal se courtisent avec grâce.

Isaiah Ceccarelli a réunit, pour ce concert, 16 interprètes et improvisateurs chevronnés issus de différentes scènes musicales: actuelle, baroque, lyrique, contemporaine, jazz et rock montréalaise, et avec lesquels il collabore régulièrement. Le fil conducteur de ce concert est ainsi celui d’une continuité artistique et amicale.

Participant·es

Programme

Images de l’événement

  • De gauche à droite, à l’avant: Cléo Palacio-Quintin, Jean Derome, Philippe Lauzier, Lori Freedman, Ellen Wieser, Émilie Girard-Charest, Jennifer Thiessen, Joshua Zubot, Guido Del Fabbro; à l’arrière: Frank Lozano, Vergil Sharkya’, Steve Raegele, Pierre-Yves Martel, Bernard Falaise, Clinton Ryder, Nicolas Caloia et Isaiah Ceccarelli [Photo: Jean-Claude Désinor, Montréal (Québec), 13 avril 2013]

En images

  • Isaiah Ceccarelli [Photo: Céline Côté, Montréal (Québec), 18 mars 2013]

La presse en parle

Moment de grâce

Normand Babin, Montréalistement, 16 avril 2013

Montréal offre parfois de belles surprises. Pour y entendre un concert, je suis entré dans cette magnifique église, St John the Evangelist, située derrière la Place des Arts. L’église avec un toit rouge. Ambiance incroyable, cet édifice hors d’âge a l’intérieur paré de briques, la voûte du plafond est de bois presque noir de vieillesse, les petites chaises en bois rappellent celles des vieilles églises européennes, le plancher de bois franc craque avec beaucoup d’énergie. J’étais ailleurs. Atmosphère feutrée, propre au recueillement. L’endroit était donc parfaitement choisi pour la création de Toute clarté m’est obscure d’Isaiah Ceccarelli. Une pièce pour 16 instrumentistes, en partie écrite et en partie improvisée. Simple dans sa conception, l’œuvre a été reçue par un public nombreux dans un silence monacal.

Basées sur le système des harmoniques de Pythagore, les grappes de sons se définissent par le compositeur comme des nuages harmoniques planants. Ces accords sont tenus très longtemps, se modifient imperceptiblement, tranquillement. S’y ajoute quelques improvisations, souvent produites avec les bruits des instruments, sans hauteur de son. Ici l’apport des musiciens est crucial. Ceccarelli s’est d’ailleurs fait un devoir de les présenter tous à la fin du concert. Entre ces sections de nuages harmoniques, dans quelques strophes plus mélodiques, la chanteuse Ellen Wieser a livré un texte aux résonances moyenâgeuses de la plume du compositeur également. Très belle voix à la tessiture immense, elle a parfaitement servi cette mélodie baignée de l’influence de Berg. Il faut impérativement souligner le solo de la clarinettiste Lori Freedman, une des musiques les plus émouvantes et troublantes qu’il m’ait été donné d’entendre de toute ma vie.

Le public aura eu la chance de toucher un petit moment de paradis dans un samedi soir agité du centre-ville. Une zone franche où calme et volupté ont imposé leur loi. Dans la lignée des grands compositeurs mystiques: Hildegarde von Bingen, Pärt, et le Liszt en fin de parcours, Ceccarelli impose une voix unique dans notre paysage musical. À partir de prémisses simples, il nous offre une œuvre aboutie, que j’ai pris plaisir à écouter. Et ce plaisir était pour moi une surprise, je suis si peu «zen» si peu «spirituel». J’ai pourtant embarqué comme rarement.

Il faut absolument souligner le courage de SuperMusique et de ses deux têtes de proue Joane Hétu et Danielle Palardy Roger. Elles nous ont offert un cadeau étrange et merveilleux, en dehors de toutes les tendances de consommation culturelle…

Elles nous ont offert un cadeau étrange et merveilleux, en dehors de toutes les tendances de consommation culturelle…

Review

Malcolm Fraser, The World Provider, 13 avril 2013

I knew Isaiah through some friends, and he had played drums for Gordon Thomas at one of the shows we set up in Montreal. So I knew he was a great jazz drummer, I but wasn’t as familiar with his work as a composer. Upon showing up at the Red Roof Church to see him and an ensemble play his piece Toute clarté m’est obscure, I read the composer’s statement in the program and immediately braced myself for an evening of difficult, alienating music. Isaiah’s love of obscure words and flowery French phrases made the text overwhelming, and his rant about how contemporary audiences want superficial entertainment instead of complex art was a bit much (it’s not that I even disagree necessarily, I just find the debate a bit tired). I wondered what I’d gotten myself into.

Then when the music began, I was totally swept up. It was a beautifully minimal and subtle piece using drones, drawn-out notes and silence (the church was so quiet that even shifting in my seat caused an uncomfortably loud interruption). I was blown away, and the rest of the audience was too. It’s very rare for “contemporary” music to hit me on a gut level in this way, so it was even more of a pleasant surprise.

I was blown away, and the rest of the audience was too. It’s very rare for “contemporary” music to hit me on a gut level in this way, so it was even more of a pleasant surprise.