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Press clipping

Claude Côté, Voir, March 14, 2002

Pour les initiés, il s’agit presque d’une vérité de La Palisse: la scène jazz à Montréal est en pleine effervescence. On pourrait même parler d’une révolution intérieure: les clubs de jazz étant à peu près inexistants, les adeptes de la note bleue apparaissent aujourd’hui dans des endroits aussi improbables que le Cabaret du Plateau, l’ancien Théâtre des Variétés, le Zest, l’Alizé, ou encore la Casa del Popolo.

Côté labels, ça bouge aussi: Ambiances Magnétiques, surtout spécialisé dans la musique actuelle, lançait récemment son 100e album (Canot Camping, de Jean Derome) et Effendi, qui se consacre exclusivement au jazz, confirme aussi la vitalité du jazz local par le foisonnement de ses créateurs.

Parmi les événements, la cinquième édition d’Évidemment Jazz, présentée au Zest, offrira une programmation constituée de véritables défricheurs: LML proposera des ateliers d’improvisation pendant trois jours; Voodoo Jazz poussera le jazz funk dans ses derniers retranchements; le Big b’Off alliera poésie et jazz; et la liste s’allonge. De plus, trois nouveaux disques seront lancés lors de l’événement: les premiers du bassiste Normand Lachapelle (étiquette Hursh), et Coral Egan et du guitariste Alex Cattaneo (étiquette Nisapa), ainsi que le plus récent du quintette iks, qui nous livre un quatrième album en cinq ans d’existence.Une belle cuvée.

Porte-parole, aux côtés de Charles Papasoff, la chanteuse Coral Egan nous propose The Path of Least Resistance, produit et réalisé par ce même Papasoff: “C’est un titre à l’image des deux semaines d’enregistrement intensives avec Alex, parce que le temps accordé était court, et qu’il a fallu foncer sans trop se poser de questions, sans accorder d’importance aux menus détails. Il serait donc erroné d’interpréter le titre comme étant la loi du moindre effort.” Mais pour Coral, ce titre prend aussi une autre signification: “Je me suis inspirée des archers japonais qui, selon les rites de l’art zen, méditent longtemps avec la cible dans la mire puis, au moment opportun, laissent partir la flèche.” Tout vient à point à qui sait attendre, donc. Un adage qu’on pourrait appliquer à l’ensemble du jazz montréalais…

Quant au disque, il s’agit d’une collection de chansons pop guitare-voix. Des versions dénudées de Lonely (Waits), A Felicidade (De Moraes et Jobim), Le Poinçonneur des Lilas (Gainsbourg), insérées subtilement parmi les immortelles de Rogers&Hart, Irving Berlin et Johnny Mercer, en plus d’une composition originale, New Light, Old Window, livrée en deux versions distinctes. Lors de la première édition d’Évidemment Jazz, Egan nous avait pris par surprise avec une relecture sympathique de Bottle of Blues de Beck, malheureusement absente de la sélection finale de ce disque. “Je travaille beaucoup par instinct, admet-elle, la façon dont je chante me vient très naturellement. Ce qui est difficile, c’est ce qui vient après, c’est le rôle que je devrai assumer parce que l’attention sera portée sur moi puisque je suis la chanteuse; même si le travail d’Alex se démarque tout autant.”