Machinaction

    • Thursday, November 14, 2013
      8:30 pm
    Studio multimédia – Conservatoire de musique de Montréal
    4750, avenue Henri-Julien – H2T 3E4
    métro Laurier / métro Mont-Royal
    • In person

Has our approach to improvised music in the XXIst century been transformed by new technologies? Have the computer and Internet opened up new avenues? Do graphic scores still need to be actually drawn and printed on paper? Can conductors still conduct an orchestra while being the other side of the planet? These are a few intriguing questions SuperMusique’s directors have been trying to answer while working on Machinaction, the first concert of their 2013-14 Montréal season.

Machinaction will primarily feature British Columbia-based composer Stefan Smulovitz and his Mad Scientist Machine.

SuperMusique invited four composers to create and interact with this software: Lisle Ellis and Sarah Weaver will both conduct from New York, whereas Danielle Palardy Roger and the software’s designer himself, Stefan Smulovitz, will do from here in Montréal.

Always at the forefront of technological innovations, SuperMusique will present as well one brand new colourful “video-animated” score: composer Joane Hétu has closely worked with video artist Manon de Pauw.


The Mad Scientist Machine is a software/hardware system allowing a user (conductor/composer) to organize a group of players in a structured improvised performance. A local or remote user can utilize the software to control an LED light that is placed in front of each performer. Each colour indicates a different performance instruction. For instance, white signals long tones, whereas green indicates to play noise.

The Mad Scientist Machine is an experiment at creating a balance between freedom and structure and at the same time creates a window for the audience into the process of improvisation in music. Transforming a composer’s ideas into specific light cues for an ensemble of players, the Mad Scientist Machine is a combination of a game structure and compositional system.

Participants

Programme

Video recordings

Live pictures

  • Ensemble SuperMusique (ESM) musicians during Machinaction, left to right: Cléo Palacio-Quintin, Stefan Smulovitz, Scott Thomson, Émilie Girard-Charest, Isaiah Ceccarelli, Manon De Pauw, Diane Labrosse, Aaron Lumley, Lori Freedman, Jean Derome, Guido Del Fabbro [Photograph: Céline Côté, Montréal (Québec), November 14, 2013]
  • The musicians Diane Labrosse and Aaron Lumley of the Ensemble SuperMusique (ESM) during Machinaction [Photograph: Robin Pineda Gould, Montréal (Québec), November 14, 2013]
  • The musicians Scott Thomson and Émilie Girard-Charest of the Ensemble SuperMusique (ESM) during Machinaction [Photograph: Robin Pineda Gould, Montréal (Québec), November 14, 2013]
  • Ensemble SuperMusique (ESM) musicians during Machinaction, left to right: Cléo Palacio-Quintin, Joane Hétu, Scott Thomson, Émilie Girard-Charest, Isaiah Ceccarelli, Stefan Smulovitz, Diane Labrosse, Aaron Lumley, Lori Freedman, Jean Derome, Guido Del Fabbro [Photograph: Robin Pineda Gould, Montréal (Québec), November 14, 2013]
  • Ensemble SuperMusique (ESM) musicians during Machinaction, left to right: Cléo Palacio-Quintin; Joane Hétu; Scott Thomson; Émilie Girard-Charest; Isaiah Ceccarelli; Stefan Smulovitz; Diane Labrosse; Aaron Lumley; Lori Freedman; Jean Derome; Guido Del Fabbro [Photograph: Céline Côté, Montréal (Québec), November 14, 2013]
  • Ensemble SuperMusique (ESM) musicians during Machinaction, left to right: Cléo Palacio-Quintin, Joane Hétu, Scott Thomson, Émilie Girard-Charest, Isaiah Ceccarelli, Danielle Palardy Roger, Diane Labrosse, Aaron Lumley, Lori Freedman, Jean Derome, Guido Del Fabbro [Photograph: Robin Pineda Gould, Montréal (Québec), November 14, 2013]
  • Ensemble SuperMusique (ESM) musicians during Machinaction, left to right: Cléo Palacio-Quintin, Joane Hétu, Scott Thomson, Émilie Girard-Charest, Isaiah Ceccarelli, Stefan Smulovitz, Diane Labrosse, Aaron Lumley, Lori Freedman, Jean Derome, Guido Del Fabbro [Photograph: Céline Côté, Montréal (Québec), November 14, 2013]
  • NOW Orchestra / Machinaction, Studio multimédia – Conservatoire de musique de Montréal, Montréal (Québec) [Montréal (Québec), November 14, 2013]

In pictures

  • Joane Hétu in concert at the Festival des musiques de création (FMC) [Photograph: Jonathan , Jonquière (Québec), May 18, 2013]
  • Danielle Palardy Roger [Photograph: Céline Côté, Montréal (Québec), March 12, 2012]
  • Sarah Weaver [2013]
  • Lisle Ellis [2013]
  • Stefan Smulovitz [Photograph: Fembe van Delft, 2013]
  • Joane Hétu, Manon De Pauw [Photograph: Robin Pineda Gould, Montréal (Québec), November 14, 2013]
  • Ensemble SuperMusique (ESM) musicians and composers: left to right; Diane Labrosse, Émilie Girard-Charest, Joane Hétu, Isaiah Ceccarelli, Cléo Palacio-Quintin, Manon De Pauw, Scott Thomson, Lori Freedman, Aaron Lumley, Jean Derome, Stefan Smulovitz, Danielle Palardy Roger, Guido Del Fabbro [Photograph: Robin Pineda Gould, Montréal (Québec), November 14, 2013]
  • Ensemble SuperMusique (ESM) musicians: left to right: Diane Labrosse; Émilie Girard-Charest; Joane Hétu; Isaiah Ceccarelli; Cléo Palacio-Quintin; Scott Thomson; Lori Freedman; Aaron Lumley; Jean Derome; Guido Del Fabbro; Stefan Smulovitz [Montréal (Québec), November 14, 2013]
  • Document de promotion dans le journal Voir
  • Carton

Images & flyers

In the press

Que la lumière soit (un peu plus claire)

Philippe Robichaud, Le Délit français, November 25, 2013

Impossible de sauter à pieds joints, in medias res dans un tel sujet.

En guise de contexte, lançons quelques propos du célèbre dialogue entre Pierre Boulez et Michel Foucault sur la musique actuelle. Dixit Michel: «La musique contemporaine […] n’offre à l’écoute que la face externe de son écriture. De là quelque chose de difficile, d’impérieux dans l’écoute de cette musique. De là le fait que chaque audition se donne comme un événement auquel l’auditeur assiste, et qu’il doit accepter. Il n’a pas les repères qui lui permettent de l’attendre et de le reconnaître. Il l’écoute se produire. Et c’est là un mode d’attention très difficile, et qui est en contradiction avec les familiarités que tisse l’audition répétée de la musique classique.»

Ça, c’est su. Et re-su. Et re-re-su. Le fait de sentir que la musique actuelle, celle qui innove à l’avant-garde, soit «comme projetée au loin et située à une distance presque infranchissable» pour un public non-initié, ça n’a pas cessé d’être d’actualité depuis la Querelle au 18e. De manière traçable, de Mozart à Beethov’ à Mahler à Schoenberg à Stockhausen, il y a toujours eu un virus de téléologie musicale et des anticorps réactionnaires. Peu importe le mouvement, il y en a qui embarquent, qui saisissent «de quoi il s’agit» et il y en a d’autres qui ne veulent pas bouger de leur jardin, souvent un réflexe très honorable.

De là surgit une certaine angoisse. Soit que l’on se trouve des baumes: «[t]outes les musiques, elles sont bonnes, toutes les musiques, elles sont gentilles. Ah! le pluralisme, il n’y a rien de tel comme remède à l’incompréhension. Aimez donc, chacun dans votre coin, et vous vous aimerez les uns les autres», comme parodiait Boulez. Ou bien, au contraire, on affronte de face, avec le vent froid de la Vérité dans les yeux, ce Kalt nietzschéen qui nous donne le Nord, mais qui donne aussi envie de pleurer, recroquevillé en position fœtale, entre autres parce qu’on finit par réaliser que personne ne pourra vraiment nous dire si on a raison de penser ainsi. Essayez de parler de musique avec rigueur: comme le cliché le veut, c’est comme «danser à propos d’architecture».

La performance en question s’articule principalement autour de la Mad Scientist Machine (MSM), invention du compositeur, altiste et programmateur britanno-colombien Stefan Smulovitz. La MSM est avant tout un logiciel qui permet de diriger un orchestre en direct via visioconférence. Les partitions traditionnelles et la présence physique de signaux gestuels sont troquées pour un système de code de couleurs et de lutrins-LED placés à même le sol. À chaque couleur concorde une consigne vague, interprétable — bruit, boucles, notes tenues, etc. La composition «se produit» en temps réel par tous ceux qui y participent, «brisant l’hiérarchie traditionnelle des rôles musicaux» comme l’a confié la compositrice Joane Hétu au Délit. Si vous voulez comprendre même un tant soit peu les propos de cet article, il est conseillé d’aller trouver la vidéo «Mad Scientist Machine — Intro — How it Works» sur YouTube.

Puisqu’un tel projet subventionné par les conseils des arts aux niveaux municipal, provincial et fédéral doit avoir une «but» clair et défini (simplement le fait d’être génial ne suffit pas) il s’agit de contribuer au Progrès en poursuivant une exploration des nouvelles technologies, participant également de l’évolution de la notion de musique improvisée.

Dans le cadre de Machinaction, les Productions SuperMusique invitent, en direct de New York, Lisle Ellis et Sarah Weaver à diriger, à l’aide du logiciel décrit plus haut, les onze musiciens de l’Ensemble SuperMusique. De Montréal, Danielle Palardy Roger et Smulovitz en personne font de même. En complément de programme, deux œuvres de Joane Hétu et de la vidéaste Manon de Pauw et de Ryan Ross Smith, seront proposées, sous la forme de partitions animées en couleur.

Contexte donné; maintenant tranchons. Toute la démarche artistique, toute l’esthétique visuelle était fascinante, mais la performance n’était pas «top». La soirée souffre de longues baisses de pression, de perte de tonus dans l’interaction entre musiciens, à part pour ce qui c’est passé lors de l’exécution des «compositions» (le mot devient sans doute désuet dans ce contexte) Notions mécaniques et D’un geste de la main. La première, du compositeur new-yorkais Lisle Ellis, est un genre de free-jazz jouissif et lumineux: on croit à une rencontre entre Ornette Coleman et l’équipe de l’éclairage du concert de Pink Floyd au Stade Olympique. La deuxième, de Joane Hétu et Manon de Pauw, est un alliage multi-médiatique qui, surprise, se défait du logiciel de Smulovitz et créé avec une interface plus fluide, basée sur les positions des musiciens dans la salle, permettant une dynamique plus directe entre musiciens et «chef».

Sinon, ça sent l’expérimentation trop évidente et plutôt décousue. La composition de Sarah Weaver, par exemple, propose de recréer des textures sonores additives clairement identifiées à l’écran avec des désignations New Age en bilingu-o-phone. Après avoir entendu les musiciens se faire diriger par lumière afin de recréer «Sun/Soleil», «Shimmering/Chatoyant», «Opaque/Opaque» ou «Thunder/Tonnerre», on finit par en avoir marre. Si l’idée de base est enivrante, la réalisation est presqu’aussi captivante qu’un épisode de Blue’s Clues.

Ça se sent chez les musiciens aussi: des résiliences individuelles forment une déconfiture collective: le sacro-saint Lien s’est brisé trop souvent pour que la performance soit couronnée d’un succès. Cela étant dit, les idées anarchiques proposées, la provocation réflexive quant à la posture auctoriale et même l’humour méta-musical du spectacle sont brillants. Par exemple, impossible d’étouffer un fou rire lorsque s’affiche sur l’écran la consigne «Make something marvelous» / «Faites quelque chose de magnifique».

Somme toute, le tout était au croisement d’un fébrile désir de perpétuel renouveau et de multiples réflexions mûries sur la musique. Pour roder l’analogie militaire, si c’est bien l’avant-garde qui est à la merci des balles ennemies, les musiciens de Machinaction sont des soldats vaillants, mais qui ont certainement écopés de quelques balles dans cette dernière prestation. Qu’à cela ne tienne; comme disait Boulez: «Messieurs, faites vos jeux et fiez-vous, pour le reste, à ‘l’air du temps’! Mais, de grâce, jouez! Sans cela, quelles infinies sécrétions d’ennui!»

le tout était au croisement d’un fébrile désir de perpétuel renouveau et de multiples réflexions mûries sur la musique

Sommet(s) d’improvisation musicale

Normand Babin, Montréalistement, November 15, 2013

Supermusique présentait jeudi soir Machinaction, un concert de musique improvisée avec au final trop de contraintes. Première déception, Danielle Roger Palardy, fondatrice et directrice du groupe, nous a annoncé que la magie de l’internet n’opérerait pas. Le concert se passait au conservatoire de musique, édifice gouvernemental. Le gouvernement du Québec ayant restreint les bandes passantes pour que leurs employés ne passent pas leur temps à regarder des films porno sur leurs heures de travail, la direction de l’orchestre ne pourrait donc pas être assumée, comme prévue par des chefs et compositeurs qui n’étaient pas à Montréal. Le ballon une fois dégonflé, le concert pouvait commencer.

Une musique improvisée qui demande autant d’attention aux musiciens, parce que les lois et règles sont si nombreuses, parce qu’ils n’ont pas trop le temps de comprendre ce qui se passe autour d’eux, m’a semblé nettement moins intéressante que celle entendue le soir d’avant. Chacun est dans sa bulle, à surveiller l’écran géant, la lumière qui lui donne les directives par ses changements de couleurs. Une musique désincarnée donc, sans cohérence entre les musiciens. Ce n’est pourtant pas faute de talents. Il y avait là réuni les plus importants musiciens improvisateurs que nous ayons. Les plus beaux moments sont d’ailleurs venus de petits solos ou duos, où vraiment nous pouvions apprécier le travail des musiciens.

Deux pièces sortaient du lot. D’un geste de la main, de Manon de Pauw et Joane Hétu principalement pour sa vidéo très belle. Manon de Pauw, experte en image interactive offre ici un travail facile à décoder pour l’auditeur, visuellement beau. L’autre moment fort de la soirée a été l’interprétation de Notions mécaniques de Lisle Ellis. Même s’il utilise le fameux Mad Scientist Machine, engin qui devrait permettre de diriger à distance l’œuvre, Ellis a pris le parti de faire une véritable composition avec de véritables thèmes, on a même pu les voir écrit noir sur blanc sur l’écran géant, et il dirige vraiment les opérations. Ainsi, même s’il y a plusieurs musiciens à gérer, à la façon d’un chef d’orchestre traditionnel, il décide vraiment de ce que nous entendrons et de ce qui sera mis en avant. Un véritable ensemble nous apparaît soudain, une cohésion retrouvée. Fort applaudis par les musiciens eux-mêmes, je ne crois pas me tromper en pensant qu’il s’agissait là du meilleur moment de la soirée.

Un véritable ensemble nous apparaît soudain, une cohésion retrouvée. Fort applaudis par les musiciens eux-mêmes, je ne crois pas me tromper en pensant qu’il s’agissait là du meilleur moment de la soirée.

Critique

Fabien Deglise, Le Devoir, November 14, 2013

Si loin et pourtant si proche. À l’ère de la dématérialisation à tout crin de la musique et de la création, le compositeur britanno-colombien Stefan Smulovitz a décidé de pousser ce concept dans ses derniers retranchements. Comment? En mettant au monde un système de direction d’orchestre pour concerts d’improvisation structurée avec particularité: le chef d’orchestre n’a plus besoin d’être physiquement dans la salle pour mener à bien sa direction de musiciens.

Baptisé Mad Scientist Machine, ce logiciel transmet les indications du maestro aux interprètes par l’entremise de lumières LED placées devant eux. Le tout est activable à distance, avec une présence visuelle du chef d’orchestre assurée sur un écran géant en passant par l’outil de communication Skype.

… le chef d’orchestre n’a plus besoin d’être physiquement dans la salle pour mener à bien sa direction de musiciens.