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    • Jeudi 16 mars 2006
      20h30
    • Vendredi 17 mars 2006
      20h30
    • Samedi 18 mars 2006
      20h30
    Usine C
    1345, avenue Lalonde (entre de la Visitation et Panet, une rue au sud d’Ontario Est) – H2L 5A9
    métro Beaudry
    • En salle

Productions SuperMusique et Joane Hétu tiennent à remercier le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), le Conseil des arts du Canada (CAC), le Conseil des arts de Montréal (CAM) et la Fondation SOCAN ainsi que les commanditaires médias Le Devoir, Radio-Montréal, CKUT et Ici.

En octobre 2002, l’Usine C accueillait les Productions SuperMusique avec la présentation en première nord-américaine de Each… and Every Inch, une production multimédia sur la vie et l’œuvre de l’écrivaine canadienne Elisabeth Smart; puis en avril 2005 avec Palimpseste d’orchestre, un grand concert élaboré à partir des musiques écrites depuis le collectif Wondeur Brass, pour célébrer les 25 ans de la compagnie. L’Usine C accueille à nouveau SuperMusique avec la plus récente œuvre de la saxophoniste vocaliste Joane Hétu, Filature, un «théâtre sonore» en trois actes.

Filature est une allégorie musicale, inspirée des matériaux utilisés par les tisserands: la chaîne, la trame et le motif. Joane Hétu dévoile ainsi d’inventifs tissus sonores et visuels où s’entrecroisent musique, danse, images vidéos et éclairages. Elle s’entoure ici de cinq musiciennes et cinq musiciens de l’Ensemble SuperMusique, de deux danseurs et de quatre concepteurs.

Avant de devenir musicienne Joane Hétu fut — dans une autre vie — tisserande. Elle a eu l’idée d’intégrer à sa nouvelle composition ses connaissances de la fibre et du métier à tisser, se proposant de relever un nouveau défi artistique. Les fils solides et nobles de la chaîne, croisés avec ceux légers, soyeux et chatoyants de la trame forment donc le point de départ de Filature, une allégorie musicale qui dévoile d’inventifs motifs où s’entrecroisent musique, danse, images vidéo et éclairage.

Depuis Castor et compagnie jusqu’à ses Nouvelles musiques d’hiver, la compositrice et musicienne Joane Hétu nous a régalés avec ses œuvres riches en textures et en saveurs, avec ses audaces, tant sonores que littéraires; ainsi qu’avec ses chansons amoureuses et ses tendres mélodies. Aujourd’hui elle nous propose avec Filature, une œuvre par laquelle se confirme une démarche résolument originale. Musique actuelle, textes et chansons, textures bruitistes et improvisation sont bien au rendez-vous; et on y retrouve surtout cette touche qui lui est si caractéristique: l’évocation de la fusion entre des forces contraires, le tendu et le souple, le mâle et la femelle.

Joane Hétu a réuni pour l’occasion des musiciens de l’Ensemble SuperMusique — ensemble à géométrie variable exclusivement voué à l’interprétation de la musique actuelle et à l’improvisation — deux danseurs et les concepteurs Pierre Hébert aux images vidéo, Bernard Grenon à la sonorisation, Guillaume Bloch aux éclairages et Louis Hudon aux costumes.

Douze interprètes inventifs et virtuoses se répartissent la scène: d’une part cinq musiciens et un danseur et d’autre part cinq musiciennes et une danseuse. L’équipe des hommes — les musiciens Guido Del Fabbro, Jean Derome, Normand Guilbeault, Pierre Tanguay, Nemo Venba, et le danseur Daniel Soulières — constitue La chaîne; celle des femmes — les musiciennes Mélanie Auclair, Claire Gignac, Joane Hétu, Diane Labrosse, Danielle Palardy Roger et la danseuse Séverine Lombardo — constitue La trame; et l’ensemble de ces douze interprètes forme Le motif.

Filature

La chaîne — La trame — Le motif

Une œuvre tissu où la musique, souveraine, se trame avec la complicité des danseurs et des concepteurs.

La chaîne — 1er acte

Tendu et résistant, le fil de chaîne ne sera constitué que de fibres nobles

Ce premier acte, interprété uniquement par les interprètes masculins — cinq musiciens, un danseur —, avec les concepteurs, représente le fil de chaîne que l’on retrouve à la base de chaque tissu. Métaphore de la continuité, de l’union et de la stabilité, cet espace sonore s’articule autour de sons tenus et de séquences répétitives.

La trame — 2e acte

Chatoyant, précieux et coloré, le fil de trame sera souple et malléable

Cet acte, interprété uniquement par les interprètes féminines — cinq musiciennes, une danseuse —, avec les concepteurs, représente le fil de trame utilisé pour constituer le tissu. Il est ici une métaphore de la fantaisie et de l’imagination du tisserand. Suite de textures et de couleurs musicales, la trame est orchestrée pour créer un espace très varié de sonorités, de climats et d’intensités.

Le motif — 3e acte

Les plus beaux motifs résultent du choix et du judicieux croisé entre vos fils de chaîne et de trame

Cet acte, interprété par l’ensemble — dix musiciens, deux danseurs —, avec les quatre concepteurs, représente l’assemblage des fils de chaîne et de trame. C’est enfin l’apparition du tissu et de ses motifs; ce délicat amalgame des musiques et textures exposées dans les actes précédents nous fait toutefois oublier les fils de chaîne et de trame: place au tisserand, place aux merveilleux motifs dessinés sur les tissus, place à la filature.

Concepteurs: [bloch_gu], éclairages; Colin Gagné, direction de production et régie de scène; Bernard Grenon, son; Pierre Hébert, vidéo; [hudon_lo], costumes

Participant·es

Programme

Captations vidéo

  • Filature, acte 1: La chaîne, extrait musical; vidéo: Mélanie Ladouceur; samedi 18 mars 2006; 4:15
  • Filature, acte 2: La trame, extrait musical; vidéo: Mélanie Ladouceur; samedi 18 mars 2006; 4:29
  • Filature, acte 3: Le motif, extrait musical; vidéo: Mélanie Ladouceur; samedi 18 mars 2006; 5:50

Images de l’événement

  • Ensemble SuperMusique (ESM) — Salut au public [Photo: Céline Côté, Montréal (Québec), 18 mars 2006]
  • Ensemble SuperMusique (ESM) — Salut au public [Photo: Céline Côté, Montréal (Québec), 18 mars 2006]
  • Acte 3, Ensemble SuperMusique (ESM) en action [Photo: Céline Côté, Montréal (Québec), 18 mars 2006]
  • Acte 3, Ensemble SuperMusique (ESM) en action [Photo: Céline Côté, Montréal (Québec), 18 mars 2006]
  • Acte 2: Diane Labrosse, Joane Hétu, Danielle Palardy Roger, Claire Gignac, Mélanie Auclair et Pierre Hébert (images vidéo) [Montréal (Québec), 16 mars 2006]
  • Acte 1: Nemo Vemba, Pierre Tanguay, Normand Guilbeault, Guido Del Fabro, Jean Derome, Daniel Soulières (danseur) et Pierre Hébert (images vidéo) [Photo: Céline Côté, Montréal (Québec), 16 mars 2006]
  • Acte 1: Nemo Vemba, Pierre Tanguay, Normand Guilbeault, Guido Del Fabro, Jean Derome, Daniel Soulières (danseur) et Pierre Hébert (images vidéo) [Photo: Céline Côté, Montréal (Québec), 16 mars 2006]

En images

  • Ensemble SuperMusique: Normand Guilbeault, Danielle Palardy Roger, Diane Labrosse, Pierre Hébert (images vidéo), Joane Hétu, Guido Del Fabro, Jean Derome, Mélanie Auclair, Daniel Soulières (danseur), Pierre Tanguay, Séverine Lombardo (danseuse), Claire Gignac, Nemo Vemba, Bernard Grenon (son), Guillaume Bloch et Colin Gagné (membres de l’équipe technique) [Photo: Céline Côté, Montréal (Québec), 16 mars 2006]
  • Ensemble SuperMusique pour le projet Filature. Rangée du haut: Némo Venba, Guido Del Fabbro, Pierre Tanguay, Mélanie Auclair, Normand Guilbeault. Rangée du centre: Claire Gignac, Diane Labrosse, Joane Hétu, Jean Derome, Danielle Palardy Roger. Première rangée: les danseurs Séverine Lombardo et Daniel Soulières ainsi que Pierre Hébert, images vidéo [Photo: Céline Côté, Montréal (Québec), 16 mars 2006]
  • Carte postale (3 de 3), verso [10 × 15 cm]
  • Carte postale (3 de 3), recto [10 × 15 cm]
  • Carte postale (2 de 3), verso [10 × 15 cm]
  • Carte postale (2 de 3), recto [10 × 15 cm]
  • Carte postale (1 de 3), verso [10 × 15 cm]
  • Carte postale (1 de 3), recto [10 × 15 cm]
  • Filature — Usine C, Usine C, Montréal (Québec), jeudi 16 – samedi 18 mars 2006 [60 × 90 cm]

Pièces graphiques

La presse en parle

La fibre musicale

Réjean Beaucage, Voir, 16 mars 2006

Joane Hétu boucle la boucle en retrouvant ses racines de tisserande pour fabriquer une véritable courtepointe où s’entremêlent théâtre, vidéo, danse et musique actuelle.

À première vue, l’analogie entre un spectacle et un métier à tisser n’est pas évidente. Pourtant, les musiciens en conviendront aisément, eux qui doivent constamment mêler les textures et les couleurs, et répéter, toujours, des gestes pourtant chaque fois différents. Cent fois sur le métier…

Joane Hétu, qui fut tisserande avant d’être saxophoniste, improvisatrice et directrice de la plus grande maison de disques de chez nous se consacrant exclusivement à la musique actuelle (Distribution Ambiances Magnétiques Etcetera, ou DAME), a choisi de se réapproprier ce passé refoulé en utilisant métaphoriquement, pour la conception d’un spectacle de «théâtre sonore», les gestes des fabricants de tissus. «C’est du théâtre, explique-t-elle, dans le sens où il y a du texte, des costumes, et parce que l’on est en résidence à l’Usine C durant 10 jours, ce qui nous donne l’occasion de faire beaucoup de répétitions, comme une troupe, mais tout part de la musique. Et puis, pour une fois, j’ai l’impression de donner à ma musique les moyens du théâtre, avec un concepteur d’éclairages (Guillaume Bloch), un concepteur sonore (Bernard Grenon), un autre aux images vidéo (Pierre Hébert) et encore un aux costumes (Louis Hudon), avec deux danseurs (Daniel Soulières et Severine Lombardo) et un ensemble de dix musiciens.» La totale, quoi!

La saxophoniste et chanteuse, à cause de son poste chez DAME, qui l’occupe passablement, n’a pas l’occasion de jouer autant qu’elle le voudrait, et cette frustration lui a même donné ces dernières années l’envie d’arrêter la musique complètement. «Un soir, j’ai eu un flash et je me suis dit que j’allais redevenir tisserande… Mais ce n’était qu’un flash. Cependant, comme je ne passe pas mon temps à imaginer de nouveaux projets musicaux, j’ai le temps de les approfondir et le petit flash, resté dans mon subconscient, est revenu et s’est imposé à mon processus créatif.»

Imaginez un métier à tisser: les fils verticaux sont «la chaîne», les fils horizontaux forment «la trame», et l’entrecroisement des deux compose «le motif». Joane Hétu a utilisé ce modèle pour élaborer le plan de son spectacle: «Et en plus, je l’ai sexué! La chaîne, c’est le quintette d’hommes (Guido Del Fabbro, Jean Derome, Normand Guilbeault, Pierre Tanguay et Nemo Venba) et le danseur; ils jouent tout le temps, des sons tenus, parce que les fils de chaîne sont stables, ils sont attachés au métier et ils doivent être solides. On ne prend pas de la petite fibre de fantaisie pour la chaîne, mais du coton, du lin, de la laine ou de la soie; du solide. Pour la trame, par contre, tu peux utiliser tout ce que tu veux, et le varier. Ma trame, le quintette de femmes (Mélanie Auclair, Claire Gignac, Joane Hétu, Diane Labrosse et Danielle Palardy Roger) et la danseuse, sera donc composée de 25 variétés de «fils» - c’est un jeu complètement différent de l’autre. Dans le troisième acte du spectacle, les deux se rejoignent. Il ne s’agira pas d’une simple superposition, mais c’est l’idée. C’est un spectacle dans lequel il y a très peu d’improvisation, parce qu’on ne peut pas tisser en improvisant…»

Et on retrouvera ça sur disque? «C’est là que passent mes dernières économies! J’enregistre les trois soirs et j’en filme deux, pour un éventuel DVD. Après tout, je n’ai rien sorti depuis quelque temps, et puis… j’ai une compagnie de disques!»

Joane Hétu: «Pour une fois, j’ai l’impression de donner à ma musique les moyens du théâtre».

Pour une fois, j’ai l’impression de donner à ma musique les moyens du théâtre

Joane Hétu: A superwoman weaves Supermusique

Mike Chamberlain, Hour, 16 mars 2006

Featuring 10 musicians, two dancers, costumes, sound, lighting and visual artists, Joane Hétu’s latest project, Filature (which will be performed tonight, tomorrow and Saturday at Usine C), is an ambitious one, perhaps the most ambitious in the history of Productions Supermusique.

The large composition is based on Hétu’s experience as a weaver and her knowledge of how fabric is put together. The piece will be presented in three acts. The five male musicians (Jean Derome, Guido Del Fabbro, Normand Guilbeault, Pierre Tanguay, Nemo Venba) and the male dancer, Daniel Soulières, represent the warp (horizontal) yarn, which Hétu emphasizes is composed of strong, noble fibres. The five female musicians (Hétu, Mélanie Auclair, Claire Gignac, Diane Labrosse, Danielle Palardy Roger) and the female dancer, Séverine Lombardo, represent the weft (vertical) yarn, which is soft and flexible. In the concluding act, the 10 musicians and two dancers come together on stage to blend the music and textures of the first two acts into the whole fabric.

Hétu is somewhat evasive when asked to translate the metaphor into a description of the music, other than to state that the warp sequence consists of sustained sounds and repeated sequences, while the weft is composed of tones, moods and dynamics.

The project represents a connection between Hétu’s past life and interests and those of the present. For one thing, these days she finds herself more interested in compositions and projects based on conceptual themes and less on improvisation. Also, she says, as she gets older she has become interested in reconnecting with her past. Finally, Filature brings together artists with whom she’s worked for 20 years or more (Derome, Labrosse, Palardy Roger, Tanguay, Guilbeault), and younger performers such as Guido Del Fabbro and Séverine Lombardo, which also, to extend the metaphor, weaves different generations together.

But we don’t want to stretch the metaphor to the breaking point, or wear it out, because, as Hétu says, “it all comes down to the music.”

Joane Hétu: Fils conducteurs

Alain Brunet, La Presse, 16 mars 2006

Saxophoniste, chanteuse, compositrice, productrice, responsable de la structure de distribution DAME, la Montréalaise Joane Hétu a eu plusieurs vies. En voici la synthèse… étoffée.

Avant de se consacrer exclusivement aux musiques d’avant-garde et se faire connaître à travers diverses formations (Wondeur Brass et autres Poules), Joane Hétu fut tisserande. Filature, que la musicienne croit son projet «le plus abouti», se veut en ce sens une allégorie musicale inspirée des matériaux utilisés par les tisserands: la chaîne, la trame et le motif. Pas moins de 100 minutes de musique, de danse et de projections audiovisuelles, et ce pour trois soirs consécutifs à l’Usine C.

«Ça fait d’abord référence à une période de ma vie que j’avais plus ou moins rejetée lorsque je me suis mise à la musique. Je me souviens d’ailleurs avoir été vexée par le fait qu’un article rapporte ma pratique du tissage lorsque j’ai commencé à faire des disques. Maintenant, c’est une façon pour moi d’intégrer ce passé à la plupart de mes expériences musicales qui rejaillissent dans ce projet.»

Cette œuvre de Joane Hétu consiste à transposer les étapes de la confection du tissu dans un univers musical. «Le tissage, estime-t-elle, est un métier qui exige de la méthode et de la rigueur. Il faut vraiment suivre les étapes, utiliser les bons matériaux pour accomplir un travail valable. «Et puisque le tissage comporte trois grandes étapes, ce «théâtre sonore» a été créé en trois actes: la chaîne, la trame et le motif.

«À la base de chaque tissu, explique la musicienne, le fil de chaîne exige des fibres nobles, plus résistantes, plus solides- soie, coton, laine, lin. En musique, j’ai choisi de sexuer ce fil en composant pour les musiciens de sexe masculin de l’Ensemble SuperMusique. Le danseur Daniel Soulières, pour sa part, incarnera l’onde, la tension du fil de chaîne.» Joane Hétu voit ainsi dans ce premier acte une «métaphore de la continuité, de l’union et de la stabilité.»

«Le deuxième acte, poursuit Joane Hétu, est celui du fil de trame, celui avec lequel on procède à un entrecroisement perpendiculaire pour créer le tissu. Dans le contexte de ma composition, je veux user de toutes sortes de “fibres”; duos, trios, solos etc. Ce fil de trame est conçu davantage comme un canevas d’improvisation réservé aux interprètes féminines de la formation. La danseuse employée dans ce contexte, Séverine Lombardo, aura un rôle théâtral et enjoué.»

La trame, résume la principale intéressée, est une métaphore de la fantaisie et de l’imagination du tisserand.

En dernier lieu, Joane Hétu a choisi d’exploiter le concept du motif, résultant d’un choix inspiré des fils de chaîne et de trame, c’est-à-dire la représentation ultime de la confection d’un tissu. Le troisième acte de Filature sera ainsi interprété par tous les musiciens et danseurs. C’est à ce stade précis que l’évocation de la tisserande émergera dans sa globalité.

Ajoutons à ces éléments de création l’intervention du cinéaste Pierre Hébert, qui procédera à un traitement en direct de courts métrages projetés sur de multiples écrans, sans compter le travail de Bernard Grenon à la sonorisation, Guillaume Bloch aux éclairages et Louis Hudon aux costumes, et nous avons ici un spectacle total.

«D’une certaine façon, croit Joane Hétu, l’ensemble de mon travail de musicienne se retrouve dans Filature. C’est ce qui représente le mieux ma musique: mon côté bruitiste, mes chansons, mes concepts plus abstraits, mes phrases courtes et nombreuses. C’est pour moi une mise à jour, une façon de faire le point. Je me sens d’ailleurs choyée d’avoir pu compter sur cette équipe fantastique pour parvenir à mes fins. J’ai vraiment travaillé fort, je suis très heureuse du résultat.»

FILATURE de Joane Hétu, «théâtre sonore» en trois actes présenté au Studio de l’Usine C jusqu’à samedi, 20h30.

© 2006 La Presse. Tous droits réservés.

Le tissage musical de Joane Hétu

Frédérique Doyon, Le Devoir, 15 mars 2006

Dans les années 70, avant de devenir la musicienne qu’on connaît, Joane Hétu était tisserande. Une autre vie, qu’elle a longtemps reniée. Dans une période de doute et de désenchantement par rapport aux exigences d’une carrière en musique de création, elle a avancé l’hypothèse un peu farfelue d’un retour au métier de tisserand. Ainsi est née Filature, une œuvre pour dix musiciens et deux danseurs truffée d’images vidéo et d’éclairages.

«J’ai revécu tous les gestes que je faisais dans le tissage, raconte-t-elle. Dès ce moment, c’est devenu clair que je voulais exprimer le fil qu’on monte sur un métier et celui qu’on passe à travers pour créer le tissu.» Elle a donc créé un théâtre sonore en trois actes — la chaîne, la trame, le motif —, plus construit, moins basé sur l’improvisation que d’habitude.

«Pour une fois, j’ai eu la volonté de faire comme dans le théâtre: avec plus de répétitions, une conception d’éclairages, deux danseurs. J’ai appelé ça “théâtre sonore” parce que je voulais partir du texte, de la partition musicale; les autres éléments allaient s’y rattacher.»

Joane Hétu évolue sur la scène canadienne des musiques actuelles depuis 25 ans. D’abord versée dans le rock déjanté des formations Wonder Brass, Justine et du trio Les Poules, elle s’est tournée vers un travail de composition plus abstrait, alliant textures sonores, texte et voix. Membre d’Ambiances magnétiques et présidente de la maison de disques DAME, elle a toujours aimé faire interagir différentes disciplines. La compagnie de concerts Productions SuperMusique, qu’elle codirige avec Danielle Palardy Roger et Diane Labrosse, a notamment conçu en 2002 la superbe fresque multimédia Each… and Every Inch, sur la vie et l’œuvre de l’écrivaine canadienne Elisabeth Smart. Pour ses 25 ans, SuperMusique a décidé d’accorder une part importante de son budget à la création d’une production plus importante. C’est au tour de Joane Hétu de piloter la sienne…

L’esprit du tissage a ainsi déterminé la structure de Filature. Le premier acte ne met en scène que les créateurs-interprètes masculins — Guido Del Fabbro, Jean Derome, Normand Guilbeault, Pierre Tanguay, Nemo Venba et le danseur Daniel Soulières; le second acte, que les femmes — Mélanie Auclair, Claire Gignac, les trois codirectrices de l’Ensemble SuperMusique et la danseuse Séverine Lombardo.

«Le fil de chaîne se doit d’être noble, il faut que la fibre soit solide, rappelle la tisserande. Le fil de trame peut être de toutes sortes de qualité, métallique, en velours, etc. J’ai répertorié 25 textures que j’ai transposées musicalement.» Tout ce beau monde se retrouve au troisième acte pour mettre en scène cet entrelacs de générations d’artistes, de musiques, de voix (des chansons écrites par Joane Hétu), de mouvements et d’images signées par le réalisateur Pierre Hébert.

La vie est ainsi faite de hauts et de bas qui se nourrissent mutuellement. Quand le fantasme d’abandonner la musique a effleuré son esprit, Joane Hétu y a puisé l’essence même du plus imposant projet de sa carrière. «C’est quelque chose d’avoir une aussi grosse équipe. Ça arrive à point dans ma carrière. C’est la pièce qui représente le plus mon univers musical.»

Filature

François Nadon, Ici Montréal, 9 mars 2006

Joane Hétu’s Filature: Theatre of Sound

Paul Serralheiro, La Scena Musicale, no 11:6, 1 mars 2006

The role of music in the theatrical arts is usually a secondary one, used to highlight dramatic action or inspire a choraographer’s vision. Music seems mone abstract than words or gestures to most people. With her latest creation, Filature, premiered this month at Usine C, musique actuelle composer, vocalist and improvising saxophonist Joane Hétu sets out to show the theatrical potential of music and how other arts can be put to its service.

During a recent conversation held at the offices of Ambiances Magnétiques, of which she is the label’s chief adminstrator, Hétu explained her vision as being inspired by the art of weaving, once an occupation of hers. “Musique actuelle is a hybrid form, born of mixing disparate things. Weaving has similar principles — the craft involves mixing various threads to create a pattem, a pleasing artistic form.”

In this “Théâtre sonore” of hers, the threads are the instrumental “voices” of the musicians, with counterpoint provided by a pair of dancers, and important visual components including costumes, lighting and video projections. Still, the musicians are at the heart of this project, a point Hétu further elaborates upon. “I have to know who I’m writing for. I’m not just writing for a particular instrument — it starts with a particular musician.” The work is dividad into three acts, each based on a principle of weaving: Act I is titled Chaîne, Act II Trame and Act III Motif, weaving terms that translate as “warp”, “weft” and “weave”. “In the opening act, male musicians are on stage with a male dancer, followed by an all-female cast in Act II and all 10 musicians share the stage in Act III, their lines interweaving with each other’s. Most importantly, everything grows out of the music.”

Even if there are improvised parts, Hétu hastens to add, “The music is mostly written, with the visuals borne out of the music.” In this way, the contributions of video artist Pierre Hébert, lighting designer Guillaume Bloch, costume designer Louis Hudon and sound engineer Bernard Grenon are all in keeping with the music. “So this is a turning of the tables, at least with respect to what usually happens with music and other performing arts,” explains Hétu.

The musical component will be handled by some of musique actuellets best know characters, among them Jean Derome, Diane Labrosse, Pierre Tanguay and Normand Guilbeault, the featured dancers being Daniel Soulières and Séverine Lombardo. “We’re working with textures,” Hétu reminds us, “but the underlying structure behind these are the music. Always.”

Musique actuelle is a hybrid form, born of mixing disparate things. Weaving has similar principles — the craft involves mixing various threads to create a pattem…