Magali Babin has been active on the experimental / improvised music scene since the ’80s. Her unique approach mostly relies on playing with the sound capture, amplification, and interaction of household objects, contact mics, and electronic devices. Her performances, compositions, and research projects on the acoustics of environmental sounds are characterized by her “gestural language of interactions on the object.” She performs solo, in trio (Mineminemine), with Martin Tétreault’s Quatuor de tourne-disques, and in variable configurations and projects(nocinema.org). Her work has been presented in many international music festivals; in Montréal (Mutek, Rien à voir, Suoni del popolo), Québec (Mois Multi), Winnipeg (send+receive), Vancouver (New Music), Berlin (transmediale), France (Nuits bleues), the USA (High Zero), and the UK (Hull Time Base Art). Magali Babin has one solo album, Chemin de fer, released by No Type.
Sous forme d’abécédaire, portrait de Magali Babin par elle-même: «Abat-jour, braise, cap de roue, dents, eau, filles, grenouilles, housse, ipéca, jambes, k7, lave-glace, marche, neige, os, peau, quincaillerie, radio, salive, tissus, utérus, viande, watt, xylophone, yeuse, zinc.» Quand on lui demande un profil plus prosaïque, la bricoleuse de son répond qu’elle a 41 ans, deux enfants, et qu’à 17 ans elle jouait de la guitare électrique dans un groupe de filles.
Toutes les activités — composition, improvisation, bruitisme — de cette artiste visuelle formée à l’UQAM se ramassent sous la même enseigne: l’art audio. «Je cueille les sons, les compile, les trafique, j’en fais des paysages sonores ou des pièces musicales.» Un disque solo en témoigne: Chemin de fer, ainsi que des participations à une dizaine de compilations. Des titres évocateurs, tels L’organe finit par s’endormir et Pluie de homards. L’artiste se produit aux États-Unis et en Europe.
Quand elle part donner un spectacle, elle traîne sa «petite quincaillerie» remplie d’objets hétéroclites en métal, dont les microcontacts augmentent la résonance. Magali joue de la casserole, de l’écumoire, du collier, du papier d’alu, des aliments, même. «La première fois que mon fils m’a vue en concert, je jouais… du poil de jambe. Un micro que l’on frotte sur le duvet d’une jambe ou sur une barbe naissante donne un son très joli.» Rien ne passionne davantage la collectionneuse que les borborygmes d’un conduit, les craquements d’un plancher, le chuchotis de l’herbe qui pousse. «J’ai acquis une sensibilité aux sons qu’on oublie d’écouter. Les gens qui se promènent avec leur baladeur se privent d’un monde formidable de sons, de sens.»
Parlant de sens, elle travaille depuis 2006 à une recherche: Bruits de fond.
En sept endroits du fleuve Saint-Laurent, entre Montréal et Percé, elle a plongé des hydrophones aux propriétés acoustiques diverses, de manière à recueillir les«propos» de notre fond marin. À partir de cette matière brute et organique, riche en fréquences, en timbres et en textures, elle a composé sept pièces. Écoutez-les: lenomdelachose.org/excavationsonore. Étonnement garanti.
Comme devrait surprendre le prochain concert de Magali Babin et de ses amis. Il y aura des bidules électroniques, des instruments acoustiques (mini-harpe, mandoline, pianos-jouets), du métal amplifié… et des frissons, si affinités avec le thème de la soirée: «La musique et les bruits de films d’horreur». L’affaire est entendue.
Productions SuperMusique présente Natura Sonoris, un concept multimédia de Magali Babin érigé autour de sons et musiques typiques des films d’épouvante. Plus particulièrement, la musicienne et designer sonore s’est inspirée d’œuvres du compositeur polonais Krzysztof Penderecki, qui a contribué à nous faire frémir entre autres dans The Shining et The Exorcist.
Magali Babin vient du punk. À la fin des années 80, elle faisait partie des Nytroglycérines, farouches amazones qui s’affairaient à organiser des sons radicaux pour ne pas dire violents, et ce, en excluant toute technique «normale». Un jour, la musicienne s’est mise à déconstruire sa guitare pour s’intéresser aux micros intégrés qui en amplifient le son. Ce fut le point de départ d’une longue trajectoire.
«Apparemment, je fais de la musique actuelle. Enfin… c’est ainsi qu’on la nomme au Québec. Je ne suis pas très à cheval sur les étiquettes, je laisse les autres les déterminer.»
Plus précisément, le travail de Magali Babin se fonde sur un jeu de captation, d’amplification et d’interactions des sons. Ces derniers sont générés par une pléthore d’objets au moyen de micros contacts et de procédés électroniques. Cette approche traverse ses performances, compositions et recherches sur les sons environnementaux. Elle agit seule, en trio (Mineminemine), avec le [Quatuor de tourne-disques] de Martin Tétreault, en «géographie variable» (Nocinéma.org) ou en tandem avec Myléna Bergeron pour mener à bien le projet Natura Sonoris.
Depuis 2006, Magali Babin mène une recherche des plus singulières: elle a entrepris de créer des hydrophones, c’est-à-dire des microphones amphibies qu’elle a carrément plongés dans le fleuve Saint-Laurent. De Montréal à Percé, elle s’est installée au bout de sept quais des villes et des villages en bordure du fleuve pour ainsi récolter différents sons aquatiques. De l’eau douce et tempérée à l’eau froide et salée, à proximité urbaine ou rurale, elle a ainsi trempé ses micros pour ensuite procéder au traitement de ces ambiances abyssales. Ainsi vogue le projet… Bruits de fond!
Voyez le genre? Vous vous trompez peut-être déjà: Magali Babin est aussi une mère de famille qui semble mener une vie heureuse avec ses deux enfants et leur papa… et qui se remue vigoureusement les méninges dans le sous-sol d’un joli triplex du quartier Villeray.
Et voici Natura Sonoris, carte blanche des Productions Super Musique accordée à Magali Babin. Elle explique sa démarche qu’elle partage avec Myléna Bergeron dans ce contexte multimédia: «J’ai toujours eu envie de faire de la musique ou du «sound design» pour les films d’horreur. J’aime assez ce genre cinématographique, je suis d’autant plus attirée par les bruits et la musique qui génèrent les sentiments de tension ou d’angoisse. Parfois, la musique y appelle l’action. Parfois, les seuls bruits préfigurent ce qui va se passer.
«Les musiques de film d’horreur, il y en a de très belles dont celles de Penderecki pour The Shining et The Exorcist. L’apport des cordes dans ces œuvres m’a fascinée, notamment l’usage du glissando. Ça m’a motivée à utiliser des instruments à cordes, mais à ma manière. En plus de chanter, Myléna jouera donc de la mandoline, des instruments-jouets et autres objets qui produisent des sons et de la musique — lampe, pelures d’oignon, etc. Malgré nos dispositifs électroniques, nous avons tenu à maintenir une présence physique dans ce spectacle, même si la place est surtout accordée aux artistes visuels.»
On comprendra que ces musiques jouées en temps réel seront en interaction avec le travail du cinéaste Karl Lemieux, qui projettera ses images en noir et blanc, tout en gravant sur la pellicule 16 mm. Qui plus est, le duo L’Œil de verre (Carl Fortin et Jean-Benoit Pouliot) répandra de la couleur dans l’environnement, au moyen de rétroprojecteurs trafiqués.
Ne nous reste qu’à frémir…
Nos oreilles sont constamment sollicitées. La musique, jadis chose sacrée, peine aujourd’hui à se démarquer dans la tonitruance du paysage sonore. Avec Natura Sonoris, Magali Babin veut nous faire redécouvrir le pouvoir évocateur des sons.
Dans un local habituellement occupé par une troupe de théâtre, à l’extrémité est du Quartier chinois, cinq artistes s’apprêtent à exécuter un rituel. Un très étrange rituel si l’on en juge le contenu des nombreuses valises qu’on s’affaire à vider: bulle de plastique, rétroprojecteurs «gossés» en bois, ressorts, objets de verre de toutes tailles et couleurs, instruments jouets traficotés, vieux projecteurs qui semblent sortir tout droit d’une vente de garage, archets et autres cossins… Même un sac rempli de pelures d’oignons se retrouve sur la table, parmi les ordinateurs portables.
Cette bande de joyeux lurons, c’est l’artiste sonore Magali Babin qui l’a montée. Et l’étrange rituel qu’elle, Myléna Bergeron, Carl Fortin et Jean-Benoit Pouliot du duo L’Œil de verre, ainsi que Karl Lemieux s’apprêtent à exécuter s’intitule Natura Sonoris, expérience aux limites de l’horreur, en sons et images. Bienvenue dans le merveilleux et fascinant monde de la musique actuelle!
Un monde qui fait peur, parfois. L’auteur de ces lignes, qui a pourtant rencontré David Bowie (ce n’est pas pour me vanter mais j’avoue que ça se place bien dans une conversation, même en ligne) a plus d’appréhensions à l’idée d’interviewer des artistes de musique actuelle que des légendes du rock. Un sentiment qui serait assez partagé, selon Magali Babin.
«Plusieurs de mes amis, des gars rock’n’roll, me trouvent trop sérieuse, intellectuelle», dit justement la jeune femme.
Pourtant, la musique actuelle, pour peu qu’on y plonge, étonne par son côté ludique, son désir de trangresser les règles et, ainsi, son accessibilité. Comme Magali Babin le dira au cours de l’entrevue accordée à RueFrontenac, on est en face de «la musique du risque» .
Un risque qui amène toutefois son lot de responsabilités, estime pour sa part Myléna Bergeron, sœur sonore de miss Babin dans ce projet. «Dans le rock, les musiciens travaillent avec des formes qui existent déjà. Nous avons beaucoup plus de liberté, mais également plus de responsabilités.»
Heureusement pour ceux qui iront à la salle de l’Oboro mercredi et jeudi, ces formes et responsabilités deviendront de pures considérations académiques dès que Magali et ses amis s’installeront qui derrière son projecteur, qui derrière son portable, qui derrière ses instruments trafiqués. À cet instant, ce sera le simple désir de la découverte et de l’émerveillement qui primera.
Quand on demande à Magali Babin de nous décrire Natura Sonoris, elle répond: «C’est la trame sonore d’un film qui n’existe pas.»
La référence au cinéma n’est pas fortuite, loin s’en faut. Magali Babin s’est inspirée de la musique de Krzysztof Penderecki, créateur entre autres des bandes sonores des films The Exorcist et The Shining, pour composer, avec Myléna Bergeron, la musique de Natura Sonoris. Et l’idée même du spectacle est née dans une salle de cinéma.
«J’aime beaucoup les films d’horreur, de série B. J’ai toujours été tentée par le sound design, par les trames sonores, dit l’artiste. L’été passé, je suis allée voir un très mauvais film d’horreur. C’était tellement plate que j’ai décidé de l’écouter les yeux fermés. La trame sonore aussi était mauvaise mais on sentait les émotions que les différents morceaux étaient censés annoncer et j’ai pu me construire mon propre film.»
Avec Natura Sonoris, elle cherchera à créer la même chose, à redonner aux sons et à la musique leur puissance intrinsèque. Sauf que les spectateurs seront invités à garder l’œil ouvert, et même les deux. Car si le germe de base de Natura Sonoris est principalement musical, l’idée d’ajouter des images au spectacle s’est rapidement imposée. «Mais je ne voulais pas du visuel de films d’horreur», précise Magali Babin.
Entrent donc en scène L’Œil de verre, duo de projectionnistes qui triturent les images, et Karl Lemieux, cinéaste de l’invention. Les premiers se servent de rétroprojecteurs mais remplacent les acétates habituels par des objets et des filtres de toutes sortes. Le second se sert de vieux projecteurs pour passer des images en boucle sur de la pellicule qu’il trafique à l’occasion.
Intriguant, tout ça? Invitant, en fait, pour quiconque aime s’aventurer en terrain inconnu. Et puis, «qui n’aime pas avoir peur?», demande Magali Babin en guise de conclusion.
Natura Sonoris est le résultat d’une carte blanche de Productions SuperMusique offerte à Magali Babin dans le cadre de la 29e saison de l’organisme, qui présente le travail de jeunes artistes en arts sonores.
Montréal is just a five-hour flight away, but the cultural capital of Francophone Canada can sometimes seem as remote as Antarctica. West Coast residents know the city as the home of relaxed liquor laws, good restaurants, and great delis, but we’re rarely exposed to the music that’s made there—and that’s almost entirely because most of it, whether pop, rock, or contemporary classical, is not sung in English.
North America’s largest French-speaking city is home to a thriving music industry and a club scene that we can only envy, but connecting with them seems difficult, thanks to the barrier of language. It’s ironic, then, that one of Montréal’s lesser-known contributions to the world of sound might end up being Vancouver’s entrée to Quebec’s musical life. Musique actuelle—a hybrid style that emerged in Montréal during the mid-1980s—is a largely instrumental form, so unilingual Vancouverites need not be scared off by incomprehensible texts. And although the idiom is so all-embracing that it’s hard to define, it’s animated by the kind of exploratory spirit that’s drives Vancouver groups like Talking Pictures and the Hard Rubber Orchestra. So it shouldn’t be that difficult for B.C. ears to appreciate Montréal’s sonic explorers, and we’ll get a chance to do just that this week, thanks to the Vancouver New Music Society’s Interférence: Statique X Statique festival.
Although the event, which runs at the Scotiabank Dance Centre until Saturday (October 22), features non-Francophone artists such as the U.K.’s Fred Frith and Janek Schaeffer, most of the performers hail from Quebec, and many of them, like Diane Labrosse, are 20-year veterans of the musique actuelle scene. Nonetheless, the otherwise charmingly articulate keyboardist still finds it difficult to explain what it is, exactly, that her chosen style includes—and that, it seems, is not only a linguistic issue.
“It’s a hard thing to do, describing a music that’s so broad,” Labrosse says, on the line from her Montréal home. “Of course at first there was progressive rock, and then improv came along, and then came the idea of putting together different styles of music. Some musicians began to draw on the roots of jazz, and also using more traditional or folkloric stuff, and then putting all of this together to make a new hybrid of music, which we called musique actuelle. We even find these different direct references within the same piece.”
The style’s name, like the music itself, contains a wealth of inferences and possibilities. Its sounds are “actuelle” because they’re real music made by real musicians, as opposed to machine-made, bottom-line-driven pop, but also because they reflect the kaleidoscopic reality of today’s media environment. The argument Labrosse makes is that few people confine their listening to just one genre, so why should musicians suffer self- imposed limitations on what they play?
Her own career reflects this wide-open attitude. She’s written scores for dance, penned twisted avant-pop tunes, worked extensively with sample-based music, and performed with a global array of free improvisers. And in her Thursday-night concert at the Dance Centre, she’ll move a step or two toward abstract sound, in the company of multimedia artist Jean-Pierre Gauthier.
“Jean-Pierre is more known in the visual arts,” Labrosse notes. “He started out as a sculptor, a visual artist, and then he started to make some sound sculptures. This is where we got involved together quite a few years ago, maybe in 1998 or 2000 or whatever. We did a project where he was working with rubber tubes and compressors and bird whistles, things of that nature, so it was a noisy kind of culture. That started him doing shows, or doing performances; before that he was more of a sound installer, working in galleries and things like that. But he’s always done very fine work, juxtaposing visual and audio stuff.”
Labrosse reveals that she doesn’t yet know what Gauthier will be bringing to their Interférence show. “He told me that it’s very small, and that it’s something that he’s made, and that it varies from one performance to another.”
With that in mind, she’s readying herself for a performance that will be improvised from start to finish, as will several of the other bookings that Vancouver New Music artistic director Giorgio Magnanensi has arranged for his festival. Following Labrosse on Thursday will be the cross-country quartet of Pierre Tanguay, Bernard Falaise, Dylan van der Schyff, and Ron Samworth, a group she describes as well worth hearing.
“It’s a double-duo sort of thing: two drummers that work in a similar fashion, and two guitarists that also work in a similar fashion,” she explains. “But everybody’s very different and has a real personality. I saw this band in Montréal, and it was quite a nice concert.”
Friday night (October 21) features performances by sound artist Magali Babin and saxophonist Joane Hétu, followed by Klaxon Gueule, a trio that includes guitarist Falaise, percussionist Michel F Côté, and pianist Alexandre St-Onge. Like Labrosse’s collaboration with Gauthier, both of these ensembles patrol the grey area between sound sculpture and more conventional forms of improvisation, a zone that increasingly draws practitioners of musique actuelle.
“You start with finding new sounds on your guitar or your bass or your drums,” Labrosse notes. “And you move from there to adding effects, and then to [computer-based] processing, or even to building your own instruments.”
Fittingly, then, Interférence’s musique actuelle survey will conclude on Saturday with Morceaux_de_Machines, an abrasive and intense collaboration between sound designers Aimé Dontigny and Érick d’Orion that has earned comparisons to noise innovators Einstürzende Neubauten and Otomo Yoshihide.
It seems that the Montréal-born idiom known as musique actuelle really is capable of embracing almost everything from the minimalist gestures of Babin and Hétu to the ear-scorching aural firestorms of Dontigny and d’Orion. Close observers of the Vancouver scene will note that our own creative musicians are capable of a very similar range of styles; perhaps the gulf between East and West, between Francophone and Anglophone, is narrowing at last.